vendredi 23 décembre 2011

THEORIE QUANTIQUE > Philosophie

Référence quantique oblige, la Matrice générique doit être vue comme un collisionneur de pensées. La philosophie a toujours déjà pratiqué une forme de fusion « idéaliste » de type corpusculaire, c’est-à-dire soumettant la fusion nécessaire du corpusculaire et de l’ondulatoire au premier de ces termes. C’est ainsi qu’elle voit et qu’elle organise sa propre gravitation conceptuelle, alors que nous devons lui proposer un modèle plutôt ondulatoire, où l’onde et la corpuscule se distribuent inégalement en la seule onde. 

C’est bien ce que propose justement la pensée générique, dans la mesure où elle traite la philosophie et la quantique l’une par l’autre, comme deux variables distinctes sans espoir de synthèse. Il s’agit de soumettre la philosophie – laquelle prétend traditionnellement réaliser l’unité – non seulement à cette dualité sans synthèse avec la science, mais également à la science comme « dernière-détermination ». Pour faire agir la science (ici la physique) sur la philosophie sans qu’elle en fasse pour autant son « objet », il faut en extraire un noyau conceptuel et rationnel susceptible d’opérer discursivement sur et dans la philosophie, afin de la transformer. Cette extraction/généralisation par rapport aux objets et outils propres de cette science (par exemple les mathématiques) n’est pas de nature épistémologique et donc encore philosophique, elle témoigne de la puissance même du générique ou de la pensée « ordinaire ». 

En combinant certaines procédures d’ordre quantique et des raisonnements (ou questionnements) plutôt philosophiques, la matrice générique ne fonctionne pas du tout comme une machine mécanique ou algorithmique, un ordinateur qui se contenterait de reproduire des savoirs, elle devient le premier collisionneur de particules élémentaires de savoir, dans une vraie dynamique d’invention et de production de connaissances, mais évidemment - étant donné leur nature hybride et « fluante » - des connaissances elles-mêmes non-reproductibles. Car les catégories, problèmes ou raisonnement que les philosophes ont jusqu’ici traités à la manière corpusculaire comme de vagues entités, sont redistribuées dans l’espace inédit des flux et particules « élémentaires » de savoirs, eux-mêmes totalement irreprésentables dans le champ habituel de l’« expérience philosophique » (l’existence, le désir, la connaissance, la cité, etc.). 

Cela peut faire penser à une sorte de « philosophie imaginaire » qui certes ne serait pas sans précédents. Mais ici, plus rigoureusement, nous traçons la possibilité réelle d’une « philosophie-fiction » sous la condition d'être d'abord une « science-phiction ».

PHILOSOPHIE NON-STANDARD > Science générique

La "philosophie non-standard" – stade ultime de la non-philosophie ? - consiste dans l'assemblage d'une "matrice générique" inédite (suite à l’élaboration de ce concept lui-même hybride dans l’ouvrage Introduction aux sciences génériques), se soumettant deux domaines théoriques bien distincts : la philosophie d'une part, toujours dans son essence transcendantale (soit ses principaux concepts opératoires), la théorie quantique d'autre part, elle-même réduite à ses procédures les plus significatives. Le générique est une forme théorique basée sur l’immanence radicale, depuis longtemps le principal réquisit de la non-philosophie. Le générique est aussi un style de pensée et d’écriture pouvant autoriser une présentation « kaléidoscopique » de la théorie, puisque si chaque élément trouve naturellement sa place dans une construction d’ensemble, il récapitule et rejoue à sa façon la totalité de la problématique (en tant que générique).

SCIENCE > Philosophie

L’identité de la science et de la philosophie sous la science ne peut-être affirmée que dans le concept même d’une science générique. Seule une science de « dernière-instance » se tenant dans l’immanence vécue de la pensée peut en même temps respecter cette forme logique parfaitement simple qu’est la dualité unilatérale, par ailleurs nommer l’Homme comme cette Dernière Instance n’ayant d’existence que sous la forme d’un « Sujet-Etranger », et enfin désigner la philosophie comme cette « forme-monde » auto-englobante faisant office de « caverne ». 
Une transformation de la philosophie sous la science n’est envisageable que s’il ne s’agit pas de « la » Science en général (ce qu’ont prétendu être certaines philosophies, comme la phénoménologie) ni d’une science positive particulière dont il suffirait d’exfiltrer telle ou telle thèse pour asseoir une théorie de type matérialiste prétendument scientifique. 
C’est bien d’une nouvelle science dont on a besoin pour traiter « de » la philosophie et entamer sa suffisance, mais bien entendu elle ne saurait être constituée ex-nihilo. On ne peut la trouver qu’en « forçant » telle ou telle science particulière à entrer dans ce jeu « non-philosophique » dès lors qu’elle est ramenée elle-même à sa source ou condition générique. 
La nouvelle unité sans-synthèse de la science et de la philosophie (une fois posée leur dé-suturation de principe et après un travail de préparation réciproque) est alors effectuée par surperposition, exactement comme l’onde se superpose ou s’applique aux corpuscules tout en restant en elle-même.

CONSTANTE GENERIQUE > Théorie quantique

Toute science élabore ses propres connaissances à l’aune d’une constante lui permettant de définir et de spécifier un ensemble de phénomènes. La « constante générique » est la spécification applicable à l’humain en général et aux sciences humaines ; elle consiste d’abord dans la « dualité unilatérale » qui est en quelque sorte la « forme » humaine universelle correspondant au « quart de tour » générant l’ondulation quantique. Jusqu’ici la philosophie n’avait proposé que des constantes disproportionnées pour l’homme, de type cosmologiques, théologiques ou morales, toujours vicieuses et aliénantes.

SUPERPOSITION > Ondulation

Il y a davantage qu’un air de famille entre l’Un non-philosophique de l’Immanence radicale et la superposition quantique. L’Un glisse en-Un d’une façon parfaitement superpositionnelle. La « superposition » est une identité de type ondulatoire se substituant avantageusement aux anciennes formes philosophiques d’identité, qu’elles soient analytiques ou synthétiques. C’est une opération philosophiquement et arithmétiquement stérile (« imaginaire ») ayant cette propriété de produire du même sans avoir à le répéter, comme la vague s’ajoute à vague tout en remplissant peu ou prou le mêmes espace.

SUPERPOSITION > Soustraction

Le concept quantique de superposition permet de penser la soustraction à toute forme de transcendance ou d’unité dialectique. S’il s’agit de préserver l’immanence contre les cercles vicieux de la philosophie, toujours obtenus par une forme de torsion de la pensée, il suffit de substituer à celle-ci le principe de superposition qui effectue justement la soustraction de l’immanence sans torsion.
Plus généralement comment se soustraire aux cercles philosophiques ? Il faut bien pourtant utiliser la philosophie exactement comme la physique utilise le langage ordinaire en sus du langage mathématique, et sans doute faut-il également un « méta-sujet » philosophe pour participer à la construction de la Matrice, pour effectuer une tâche nécessaire de traduction ou d’aide herméneutique. Cependant ce sujet ne surplombe pas le processus dont le fondement demeure avant tout générique. La re-quantification de la philosophie n’est pas le fait du philosophe qui ne peut ni décider ni s’approprier le mécanisme de fusion par superposition. En sortent de nouveaux « êtres » philosophiques sous une forme particulaire, à la transcendance simple ou non-vicieuse, et donc de nouveaux jouets pour philosophes !

CONSTANTE GENERIQUE > Sujet-Etranger

La constante générique peut très bien être représentée par un Sujet-agent dont la disposition est essentiellement unilatérale et la fonction dualysante. En fait cette fonction Sujet s’avère elle-même double puisque c’est d’abord l’homme en tant humanité subjective (ou constante générique, proprement), et ensuite un clone particulaire tiré du sujet philosophe qui, expurgé de sa suffisance sous l’effet de la dualysation, sera devenu « sujet-Etranger ». Dûment « quantifié » le sujet philosophique se distribue d’une part en une fonction d’onde immanentale obtenue par superposition et d’autre part en une forme transcendante particulaire (mais non corpusculaire ou unitaire) d’ego. Telle est l’altérité très spéciale, unilatérale et non plus bifaciale, du sujet-Etranger.

GNOSE > Science générique

D’une certaine façon l’ancienne Gnose philosophico-religieuse préfigure la science générique, ce nouvel agencement de la philosophie sous la science des humains. Avec le générique il en va bien du « salut » des humains et d’un savoir que justement nous ne connaissons pas encore pour nous-mêmes ni pour notre salut générique. L’enjeu est de nous apprendre à connaître de manière immanente en utilisant les moyens dont nous disposons, essentiellement la science et la philosophie. Mais, définitivement, il ne s’agit pas de se connaître « soi-même ». Et la philosophie n’a aucun avenir en tant qu’art de vivre ou auto-thérapie ; son rôle, à la fois plus modeste et plus essentiel, est de participer au salut générique de l’humanité, un salut qui reste donc aux mains de l’homme non pour son bien (terrestre ou céleste) mais directement pour son Futur. 
Changeant de référence culturelle, l’on pourrait aussi bien déclarer que le sillon produit dans la pensée par la superposition quantique a ouvert une nouvelle « voie du Milieu », sous l’espèce du Mi-(lieu) constitutif de l’unilatéralité, celle d’une futuralité humaine plus adéquate que l’ancienne théorie orientale du Vide et de l’identité des contraires.

lundi 11 juillet 2011

MATERIALISME > Marxisme

Le marxisme est un genre philosophique, enfant du platonisme plutôt que de l'aristotélisme. En effet le matérialisme ne s'intéresse pas à l'étant particulier et n'opère pas de transcendance méta-physique (extatico-horizontale), règne de la réflexion et de la réciprocité ; il se place d'emblée au niveau de l'Etre, en l'occurrence la Matière qui fait figure ici d'Intelligible. Au niveau de la transcendance extatico-verticale, quasi-unilatérale, le matérialisme inverse le primat des instances allant désormais de l'Etre-Matière vers l'Un-Pensée. L'Un-Autre platonicien devient synonyme de conscience et d'idéologie.

La dyade fondatrice du matérialisme n'est pas méta-physique mais épékeina-physique, sous la forme d'une inversion de la dualité Multiple ou Matière / Un en dualité Réel / Représentation. Il n'y a pas seulement inversion des primautés, mais unilatéralisation et fixation partielle de la réciprocation par la "base" matérielle.

Pour autant la coupure matérialiste est une variante de la décision philosophique. Les conditions philosophiques du matérialisme sont 1) celles de la philosophie en général comme idéalisme ou platonisme, 2) celle d'une coupure ("matérialiste") exercée par la philosophie sur elle-même, refoulante d'un idéalisme partiel. Le matérialisme, prisonnier de la transcendance, est incapable de penser l'Un-en-Un ou l'immanence radicale. Le matérialisme marxiste peut bien se présenter comme un "platonisme du Réel", il n'est pas encore suffisamment immergé dans le Réel pour pouvoir se passer de la foi philosophique. Seule une non-philosophie permet de retrouver les prémisses (non-platoniciennes) du marxisme dans l'Un et la Détermination-en-dernière-instance. (2000)

lundi 13 juin 2011

CONNAISSANCE > Réel

Matrice scientifique de la connaissance : soit un X donné sous sa forme philosophie-monde, il est donné-en-infrastructure ou en-immanence et en même temps uni-latéralisé ou séparé-sans-séparation (de) soi. La matrice se présente sur le mode réel du donné, hors de tout idéalisme, en sorte que la connaissance théorique n'est pas une simple représentation de l'objet connu limitée à sa donation empirique ; elle s'explique d'abord par le rapport immanent de la cause (réelle) de la théorie à son objet propre. La posture théorique, plutôt immanente et uni-faciale, ne consiste pas en un face-à-face avec l'objet mondain. C'est plutôt la matrice philosophique de la connaissance qui se caractérise comme rapport transcendantal à l'objet-monde.

La connaissance est une oeuvre concrète et pratique (de) pensée, pas une modification du Réel. Donc la dualité unilatérale qui sépare le réel de la connaissance interdit toute "adéquation" de la connaissance au réel, mais non pas des effets d'adéquation au matériau Monde, qui ressortissent justement à la philosophie. Si le réel de-dernière-instance est la matrice de la connaissance, celle-ci peut être dite "en"-dernière-instance. La connaissance, ayant sa matrice dans le réel, se fait identité en-dernière-instance de la science et de la philosophie. (2000)

VERITE > Réel

A l'aune du Réel-Autre, cette semi-immanence, le rapport Réel / Pensée est recoupé et complexifié par le nouveau rapport Réel / Objet de connaissance : tel est le bénéfice limité de la "coupure épistémologique" (Althusser). Le matérialisme est symptôme d'une nouvelle pratique de la vérité déterminée par le Réel, mais il faut radicaliser la distinction althussérienne entre objet réel et objet de connaissance, réalité et concret-de-pensée. Critiquer, d'une coupure, l'illusion idéologique ou logocentrique (Derrida) ne permet pas de rendre le Réel radicalement autonome par rapport à la philosophie (ni à donner à l'apparence philosophique son autonomie relative)
La matière est le symptôme du vrai-sans-le-mixte-du-vrai-et-de-la-vérité, c'est-à-dire le vrai sans vérité énonciative. L'Un est ce vrai anté-véritatif, cause de-dernière-instance ou encore présupposé déterminant aussi bien l'Etre que la Vérité. En découlent la non-consistance du Réel comme vrai et la non-suffisance du Vrai comme condition négative, nécessaire mais insuffisante, de la vérité non-marxiste. (2000)

PRATIQUE > Non-Marxisme

A la pratique-division (Hegel), le marxisme a tenté de substituer la pratique-différence (Althusser) : primauté du Réel sur la pratique (celle-ci déterminée en-dernière-instance par celui-là), et primauté de la pratique sur la théorie.
Mais l'action révolutionnaire a tendance à conserver la philosophie dans le sujet-action, même quand elle fait mine de l'évincer : c'est toujours l'immanence philosophique à l'œuvre. Le marxisme a toujours combiné un matérialisme contemplatif (déterminant) à un idéalisme pratique (transformant). Le non-marxisme substitue à ce couple celui d'une détermination (par le) Réel (comme identité) et d'une transformation du Monde (lui-même plutôt que ses représentations).
Marx enferme la pratique dans une ontologie de l'actualité et de l'effectivité. Même lorsque la pratique marxiste se veut immanente et "performante", elle reste prise dans un procès dialectique ou "mouvement réel" et "état de choses" sont convertibles. En non-marxisme, la pratique "en soi" n'a pas d'autre terrain que l'en-infrastructure qui la détermine, de sorte que "pratique" se dit proprement de la nouvelle dualité uni-latérale de la "matière" et de la pratique, ou de pratique et de la théorie. Dans la pratique comprise comme syntaxe selon-le-Réel (l'uni-latéralité elle-même), s'unifient en-dernière-instance la théorie et la pragmatique. En-pratique, et selon la structure même de la détermination-en-dernière-instance, le sujet est identiquement théorique et pragmatique. L'essence pratique de la dialectique est la dualité uni-latérale : celle-ci manifeste l'identité (de) côté du côté dialectique. La contradiction ne s'explique pas génétiquement (sauf auto-position idéaliste), pas plus qu'elle ne va dialectiquement vers une solution : elle reçoit une explication théorico-pragmatique sous la forme (d'essence pratique) de la dualité unilatérale.

Il faut distinguer uni-latéralement la praxis (le Performé-sans-performation) et la pratique proprement dite, la première étant la cause négative, nécessaire mais non suffisante, qui détermine la seconde comme performation. Par exemple chez Althusser la pratique se constitue d'éléments divisant l'immanence, à défaut d'être déterminés par elle. Dans le marxisme, la force de travail est donnée technologiquement au même titre que les moyens de production, alors qu'elle est l'organon simple de l'infrastructure. Au final, les pratiques différentielles théorisées par Althusser ne font droit ni à l'autonomie relative de chaque pratique, ni à leur multiplicité ouverte de droit. Au contraire le non-marxisme distingue la praxis comme oeuvre immanente de l'infrastructure réelle, et sa fonction pratique auprès des processus technologiques. En tant que pratique, le non-marxisme met en oeuvre une transformation du processus-monde.
La pratique non-marxiste n'est rien d'autre que la dualyse des différents ordres de réalité : le Réel ou l'infrastructure, la pratique comme sujet, et l'effectivité du Capital-Monde.
Quelle performation, quelle transformation ? Le non-marxisme transforme les conflits sociaux effectifs en symptômes ou modèles, tout en relativisant la consistance du Capital-Monde (et pas seulement de l'"idéologie"). Transformer le problème de la sortie hors de la philosophie en pratique non-philosophique, changer le révolutionnaire en sujet hérétique.

2000

mardi 3 mai 2011

NON-MARXISME > Coupure

La coupure épistémologique entre science et idéologie, trop empirique, n'est que le symptôme d'une coupure plus radicale entre théorie unifiée et théorie unitaire. Toute décision non-marxiste en général est le clone d'une coupure épistémologique, dans sa double composante d'évènement singulier et de procès continu. Mais le paradigme (post-moderne) de la coupure, identifiant le Réel à l'Autre, ne convient plus à la pensée uni-latéralisante (selon l'Un), étant lui-même justement unilatéralisé. Cette science transcendantale qu'est le non-marxisme n'a pas seulement pour objet une idéologie (Althusser), elle se présente comme théorie et pragmatique de la pensée-Monde.

NON-MARXISME > Problématique

Le non-marxisme ne peut pas être rabattu sur une problématique de type structurale (Althusser). La problématique est une structure transcendantale absolue de production théorique. Sa constitution propre est celle de la "différence" et son matériau est le "discours". C'est une double articulation, horizontale et verticale : celle du trait différentiel (sémantique ou ontologique) d'abord, comme base quasi-ontologique, puis celle des différentes problématiques hiérarchisées ou emboîtées. La problématique émerge elle-même en tant qu'Autre théorique. La problématique est l'axiomatique du matérialisme historique, censée lui apporter sa philosophabilité. Au contraire, si la théorie unifiée (NM) est la condition de possibilité transcendantale du marxisme, elle n'est pas absolue et n'engendre pas le marxisme, qu'elle transforme seulement. Elle n'est plus l'émergence de la théorie (philosophie) comme Autre, mais celle du non-marxisme comme Un (de) l'Autre.

NON-MARXISME > Axiomatique

Marx et Freud proposent une quasi-théorie unifiée, en substituant à l'approche synthétique des sciences qui caractérise la philosophie, une quasi-axiomatisation transcendantale - car la théorie unifiée est d'abord celle de l'axiomatique scientifique et de l'axiomatique philosophique. "Transcendantal" se dit ici de la théorie en tant que déterminée-en-dernière-instance par le Réel. Tandis que dans le marxisme cette forme semi-axiomatique demeure celle de la thèse ou la "position" (matérialisme oblige) se posant elle-même comme réelle...
Les axiomes non-marxistes se présentent comme des fonctions transcendantales ou des sujets-Etrangers théoriques, tandis les catégories matérialistes restent partiellement intuitives, et donc absolutisées dans la pensée-Monde.
Du prolétariat au sujet-Etranger et du désir de révolution à l'hérésie non-révolutionnaire, l'axiomatique universelle du non-marxisme doit pouvoir interpréter conjoncturellement et traduire l'un dans l'autre tout marxisme passé ou à venir, sans l'appauvrir quantitativement mais en traitant ses axiomes comme autant de symptômes.

NON-MARXISME > Théorie

La mauvaise compréhension du style théorique du marxisme a induit bien des erreurs d'évaluation, des déviations et des effets d'orthodoxie. Chaque déviation, qui provient du surinvestissement d'un aspect, témoigne d'une prétention philosophique à l'englobement.
La théorie unifiée, elle, utilise ses sources comme autant d'aspects unilatéralisés et déterminés par le Réel : la théorie est un clonage producteur d'aspects radicaux ou d'identités uni-latérales. L'aspect n'est pas autre chose que l'Identité de l'hérésie.
Rappelons que l'"infrastructure" au sens non-marxiste comprend dans un ordre strict : l'un-identité, l'uni-versalité (donnant la pensée-Monde), et l'uni-latéralité (faisant de la pensée-Monde une identité). Ainsi chaque source parallèle doit être portée en-dernière-instance aux trois caractères de la base réelle : un-identité, uni-versalité, uni-latéralité - elle y acquiert alors une force d'hérésie.

NON-MARXISME > Théorie unifiée

Si le style du non-marxisme est bien l'universel, le marxisme n'aura été qu'une spécification du non-marxisme. Les théories unifiées (non-marxisme, non-psychanalyse, etc.) sont des organon uni-versels, mais spécifiés régionalement, destinés à transformer les mixtes régionaux-fondamentaux de la pensée-monde. Le programme des théorie unifiées est l'uni-versalisation, non-philosophique et non-encyclopédique, des savoirs existants. Pratiques théoriques, elles usent de la philosophie et des sciences humaines, tout en faisant cesser la guerre entre elles. 
Ce sont des organon transcendantaux plutôt que logiques, produisant une pensée pour le monde, sur la base d'un réel-sans-réalité que la pensée ne peut représenter en aucun cas. Mais ce sont aussi des pensées "à symptômes" découvrant les idéologies, les sciences et les philosophies comme effets du Réel. Marx et Freud sont les symptômes de disciplines distinctes de la science et de la philosophie qui pourront en produire une théorie "unifiée" non totalisante. Le non-marxisme ne dépasse pas le marxisme, et ne le rectifie pas seulement en théorie : il va vers lui, il le découvre en négatif ("non-") tel un effet du Réel. C'est pourquoi le théorique unifié est avant tout performation, pratique déterminée en-dernière-instance par la praxis réelle.
C'est ainsi que le non-marxisme est une théorie unifiée (pratique et théorique) à double-unique aspect théorique (scientifique et philosophique) et à double-unique objet (l'économie et la philosophie comme contenu unifiée de la pensée-monde).

NON-MARXISME > Universalité

L'universel devient le style des disciplines non-philosophiques, tandis que la généralité et la représentation demeurent celui de la philosophie. L'universel s'applique seulement à l'identité radicale, sans la division de la représentation, sans ses modes de généralité et de totalité. L'universel ne va pas de l'expérience vers l'Idée, mais de l'abstrait axiomatique du Réel vers l'expérience, par la voie d'une explication transcendantale et a priori.
C'est ainsi qu'on fait du Matérialisme historique la simple spécification d'une axiomatique uni-verselle. La conjoncture cesse d'être déterminante pour la définition a priori du marxisme, surtout dans son essence universelle. Pas plus que la philosophie elle-même, l'histoire n'est autre chose qu'un simple apport (du point de vue du matériau) et un simple aspect (dans la théorie unifiée) pour la théorie unifiée non-marxiste.

NON-MARXISME > Pratique théorique

Une pensée de la dualité uni-latérale induit un style théorique et pratique nouveau, car l'unilatéral n'est pas autre chose que le noyau réel de la contradiction. Le matérialisme parvient à nommer des dualités unilatérales (MH et MD par exemple), mais c'est pour les réinscrire aussitôt dans un horizon de réciprocité typiquement philosophique, et la dualité bilatérale "revient" à une identité supérieure non avouée. Le style non-marxiste introduit à une radicalité de la pratique, là où le style philosophique reste une technologie transcendantale, et finalement une interprétation. Le couple interprétation/transformation du Monde doit lui-même être unilatéralisé. Le non-marxisme n'est pas révolutionnaire mais rebelle ou, mieux, hérétique, parce que la pratique théorique uni-latérale n'est réductible ni à l'illégalisme ni à la loi. La décision non-marxiste, déterminée par le Réel et vécue par le sujet-Etranger comme une identité-de-dernière-instance, n'engage à aucune intervention pratique dans le Monde : elle est déjà pleinement pratique.

mercredi 23 février 2011

NON-MARXISME > Réel

Arracher le marxisme à la métaphysique est une illusion tant qu'il n'est pas arraché à la suffisance philosophique, croyance au Réel et désir du Réel. Changer réellement de terrain, c'est admettre l'être-donné du terrain, et c'est acquérir axiomatiquement un nouvel objet, la pensée-monde comme unification du capitalisme et de la philosophie. Depuis le terrain du Réel radical, forclos à la théorie, on peut identifier dans le matériau marxiste la droiture d'une intention théorique d'unification intime de la science et de la philosophie. Ce qui est proposé avec le non-marxisme, c'est un minimalisme, mieux une paupérisation du marxisme. Comment faire de la philosophie un simple apport, à égalité aux autres, dessaisi de sa suffisance, sinon en la déterminant en-dernière-instance par un Réel non-politique autant que non-scientifique et que non-philosophique ? Le non- ne peut avoir ici d'autre "contenu" que l'immanence radicale du Réel. (2000)

MARXISME > Philosophie

Le marxisme entretient avec la philosophie un rapport à la fois interne et externe. Il est d'abord philosophique par ses références hégéliennes et plus profondément par son fond platonicien refoulé. Il comporte aussi une face anti-philosophique, mais qui se complète toujours d'une pratique idéaliste-philosophique… Sa normalisation philosophique, opérée dès Marx, constitue au fond sa déviation principale. Elle se déploie sur un axe qui va de la tradition marxiste-léniniste comme philosophie à l'usage du prolétariat, jusqu'au refus du même léninisme, par le retour à l'immanence soit des textes (Althusser) soit de la force de travail (Henry).
Mais quelque soit son mode de normalisation, le marxisme demeure davantage une interprétation du Monde qu'une transformation du Monde. Marx est un "non-philosophe" dans la stricte mesure où la philosophie peut toujours se dénier elle-même sous la forme du matérialisme, pas au-delà. (2000)

MARXISME > Symptôme

La position marxiste dans la philosophie est le symptôme d'une posture plus universelle (uni-verselle) que la philosophie. La doctrine marxiste et sa tradition sont prises ensemble comme un symptôme d'un statut inséparablement théorique et expérimental. Le concept fondamental de la syntaxe qui nous sert de symptôme est celui de la détermination-en-dernière-instance, propre au matérialisme historique, tandis que le concept du Réel qui nous sert de symptôme est celui de la matière et de son immanence, propre au matérialisme dialectique. En plus de cette fonction de symptôme, tout le système d'axiome du marxisme est déplacé uni-latéralement de la fonction de détermination (tenue ici par la non-philosophie) à celle de cause occasionnale.

MARXISME > Théorie

Il importe de retrouver l'axe probable du marxisme comme style théorique émergent et universel. De son côté Marx découvre pratiquement la théorie unifiée de l'histoire-société, mais il la restreint d'emblée à cet objet et surtout il ne l'extrait pas d'une primauté principielle de la philosophie. Le non-marxisme conserve le type général d'hypothèse selon lequel le Réel détermine en-dernière-instance la théorie qui lui est adéquate, mais en le transférant sur le terrain du Réel immanent. Enfin le non-marxisme maintient la Théorie comme unification de la philosophie et de la science, mais cette fois sans les synthèses abstraites de la philosophie (par exemple la distinction du matérialisme dialectique et du matérialisme historique). (2000)

MARXISME > Non-philosophie

Que le marxisme ait "manqué" le Réel n'est pas une constatation mais une hypothèse théorique d'un style nouveau, qui ne s'apparente pas à une critique ou même à une rectification de type philosophique. Généralement la philosophie prétend "réaliser" autant que "penser" le marxisme, et ceci de plusieurs manières. Tout d'abord en lui apportant un fondement réel dont il est supposé manquer, tandis que la non-philosophie (renonçant à l'identification parménidienne de l'être et de la pensée dans le Même) se contente d'identifier hypothétiquement le réel comme Un. Puis la philosophie s'autorise à indiquer au marxisme comment transformer le monde (son rêve de toujours), tandis que la non-philosophie se contente d'assurer l'autonomie (relative) de la superstructure, comme objet de sa pratique, plutôt que de la déduire de façon idéaliste de l'infrastructure - cela implique bien sûr un autre concept du Réel dont l'infrastructure matérielle ne serait plus qu'un mode. Enfin la philosophie prétend détenir le noyau rationnel (dialectique) de la détermination en dernière instance (DDI), alors qu'il s'agirait plutôt d'indiquer son noyau réel - philosophiquement, la DDI est inintelligible comme l'est le mécanisme ultime de toute transcendance.
Plusieurs transformations de type non-philosophique sont nécessaires pour débarrasser le marxisme des antinomies philosophiques qui l'encombrent. 1) Une uni-versalisation du concept de "base" ou d'infrastructure, sous forme d'une immanence radicale (présupposé "réel"). 2) Une uni-versalisation syntaxique, sous la forme d'une axiomatisation de la causalité dite "DDI" (causalité autre que matérielle). 3) Une théorie unifiée de la science et de la philosophie. 4) Une unification toujours en-dernière-instance des autres antinomies comme théorie et pratique, etc. 5) Une levée de la suffisance philosophique et une critique de l'hallucination-monde, qui va au-delà de la critique de l'idéologie. 6) Une transformation du concept de "science (historique) de l'idéologie" vers une "science transcendantale" identiquement scientifique et philosophique de la pensée-monde. (2000)

mardi 22 février 2011

MARXISME > Conjoncture

Le marxisme, une doctrine qui a échoué ? Il n'est pas question de laisser aux déserteurs (du marxisme ou de la pensée en général), ni inversement aux tenants du "retour", le soin de commenter le supposé échec du marxisme. La bonne démarche ne doit pas être de fuir le marxisme mais d'aller vers lui, et l'assumer dans une posture susceptible de donner l'explication de cet échec comme d'une nouvelle conjoncture. Les échecs du marxisme sont multiples, hétérogènes et incommensurables. Un échec de type scientifique ? En fonction du critère de Popper, l'hypothèse de son universalité aurait été contredite expérimentalement et infirmée, mais pour cette raison même elle conserverait sa positivité scientifique et ne serait pas la sanction d'une thèse métaphysique sur l'histoire. Un échec de type philosophique ? S'il y a une obsolescence philosophique du marxisme, elle n'a pas plus de validité que l'obsolescence continue des décisions philosophiques qui forment la tradition. Comme philosophie, le marxisme n'a pas d'objet, sinon l'Etre (comme matière), mais il veut aussi intervenir dans l'histoire qu'il ne fait que transcender ; c'est pourquoi l'échec était inévitable, mais ce n'est pas l'échec qui est mauvais, c'est la croyance qu'une philosophie particulière (le matérialisme dialectique) était la philosophie pour le prolétariat et donc pour l'homme. Or le marxisme n'est ni une science ni une philosophie séparées, mais l'unité des deux sur le mode encore divisé de la philosophie.

Pour nous la conjoncture adéquate est le marxisme inséparable de son échec autant qu'irréductible à lui : son échec supposé cesse d'être une simple supposition pour acquérir la réalité d'une conjoncture universelle. C'est donc notre conception mondaine de la conjoncture comme "historique" que nous devons transformer par une conjoncture qui ait la forme du Monde. Peut-être l'échec du marxisme est-il plus profond que son seul passage à l'acte ou au réel de l'histoire, peut-être y a-t-il un échec plus profond qui relève d'une illusion transcendantale propre à ce genre de théories encore dominées par la philosophie ? Le concept strictement marxiste de la conjoncture (lui-même historiciste, par exemple l'argument d'une "nouvelle donne capitaliste") ne peut expliquer l'échec. Il importe de forger un concept nouveau de la conjoncture, non plus comme simple accident ou présent historique mais comme mode de la pensée-monde, capable de servir de matériau non-historique, lui-même universel, au non-marxisme. Co-existant avec l'horizon du marxisme, lui co-appartenant, l'échec remplit alors une nouvelle fonction dite "occasionnale", non de simple occasion historique pour "renouveler" le marxisme à la manière des néo-marxistes, mais de causalité théorique ou d'invention d'un non-marxisme, d'une répétition-sans-retour.

La nouvelle occasionnalité définie est davantage qu'une simple opportunité (révision, refonte, etc.) : il ne s'agit plus d'intervenir (sur) mais d'inventer (à partir de). Il faut une découverte "inactuelle" (un Réel non-matériel et non-historique) pour faire apparaître son actualité future, à inventer. On ordonnera l'ensemble du matérialisme historique et dialectique non pas directement à cette nouvelle infrastructure mais à une théorie selon celle-ci et qui usera du marxisme comme d'un matériau de symptômes et de modèles restreints pour l'élaboration de ses propres catégories. Le marxisme est une théorie universelle du Monde, mais avortée, encore sous l'emprise d'une téléologie philosophique ; le problème de sa radicalisation sera d'isoler ce noyau d'universalité symptômale.  (2000)

mardi 11 janvier 2011

MATERIALISME > Réel

Comme matérialisme le marxisme renvoie la philosophie à l'état de position idéaliste, mais il le fait en la présupposant encore et la rejoignant par son usage de la dialectique. Ses opérations restent philosophiques (et donc idéalistes), même si le présupposé du Réel est acquis face à la transcendance de la superstructure. Mais d'un côté le Réel comme matière ou base immanente n'est pas l'immanence radicale, de l'autre la conscience et la superstructure n'épuisent pas toute transcendance. Le marxisme ne peut donc effectuer la théorie complète de la philosophie, ni objectiver les conditions corolaires d'un capitalisme vraiment universel - d'où son échec face à celui-ci. Explicitons. En non-marxisme, la position matérialiste ne peut être que le symptôme d'une immanence réelle non positionnelle de soi, c'est-à-dire non prélevée sur la positionnalité philosophique. C'est l'immanence de l'identité comme telle et non celle de l'individu concret (vivant, travaillant). Elle conditionne une transcendance large, une aliénation mondaine économico-philosophique, dont la conscience n'est qu'une figure symptomatique réduite : entre deux, intervient une causalité de l'identité réelle dont la "causalité-en-dernière-instance" des marxiste n'est elle-même qu'un symptôme limité. (2000)

NON-MARXISME > Marxisme

Avec le non-marxisme, il ne s'agit pas de proposer une nouvelle interprétation du marxisme ou d'y ajouter un nième amendement ; il s'agit au contraire de retirer au marxisme ses postulats philosophiques, l'appauvrir philosophiquement. La prolétarisation du marxisme n'a pas encore eu lieu, à cause même de ses divers amendements philosophiques. Seule une pratique (théorique) non-marxiste peut nous éviter le cercle (théoriciste) d'un marxisme appliqué à lui-même. Le projet est de mettre en évidence un noyau non-marxiste universel pour le marxisme et à partir de lui, comme matériau, symptôme et modèle. Cette universalisation porte autant sur son objet (le capitalisme et ses conditions philosophiques) que sur lui-même en tant que science et philosophie, ou théorie et pratique. Cet objet, le marxisme lui suppose toujours une certaine universalité, mais liée à l'histoire (le "monde moderne", par ex.) ; le non-marxisme le transforme en Monde au sens le plus universel : il comprend désormais le capitalisme et ses modes de fonctionnement (la contractualité par exemple) plus l'ensemble, structuré en essence, de ses conditions philosophiques. Le capitalisme universel se soutient désormais de l'Idée même de la philosophie. Sa forme de pensée apparaît ensuite comme identiquement scientifique et philosophique. Dans le marxisme cette identité reste dialectique et donc philosophique (y compris sous sa forme maoiste : contradiction principal/secondaire) puisque la philosophie y apparaît deux fois, comme terme de la synthèse et comme synthèse. Tandis que le non-marxisme est une théorie unifiée (et non unitaire) du marxisme et de la philosophie, unifiant les moyens théoriques (scientifiques) et philosophiques depuis une identité réelle comme cause-par-immanence, et sous l'égide d'une logique spécifique non-dialectique : la détermination-en-dernière-instance. (2000)